Lundi, des patates ; mardi des patates…

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Dès le début de la guerre, les livres et brochures relatifs à la cuisine fleurissent un peu partout, tant en Belgique qu’en France et dans les autres pays belligérants. Certains donnent des recettes spécifiques avec des denrées bien déterminées, d’autres donnent juste des conseils pour manger équilibré, pour faire face à la pénurie et bien utiliser le peu dont on dispose.

De nombreuses recettes de guerre reprennent la pomme de terre comme ingrédient principal. Ce tubercule venu d’Amérique du Sud au XVIe siècle est entré dans notre alimentation depuis le XVIIIe siècle grâce à Monsieur Parmentier. Ce pharmacien militaire et agronome a appris à connaître la pomme de terre au cours de la Guerre de Sept Ans (1756-1763) et s’impliqua ensuite dans la promotion de ce tubercule en France. Devenu un aliment incontournable dans nos contrées, on le mange principalement en plat salé, en mets de fête ou du quotidien.

Dès le début du conflit en Belgique, les denrées se raréfient. La population belge a faim. Les prix partent en flèche.

Comme bon nombre de denrées, la pomme de terre voit son prix augmenter à vive allure.
Quelques chiffres :

1914 : 100kg de pommes de terre valent 7,90 fr

1915 : 100kg de pommes de terre valent 11,53 fr

1916 : 100kg de pommes de terre valent 13,51 fr

1918 : 100kg de pommes de terre valent 32,20 fr

Malgré son prix croissant, la pomme de terre reste incontournable en cuisine car beaucoup d’autres produits sont tout simplement introuvables. Pour certains, la patate devient pourtant aussi une rareté, un luxe.

La Première Guerre mondiale, c’est la domination tyrannique de la pomme de terre : pommes de terre à la place des céréales et d’autres légumes moins prisés, moins « bourratifs » ou tout simplement délaissés,… Pomme de terre par-ci, pomme de terre par-là, matin, midi, soir… Elle devient un incontournable qu’on finit par haïr.

À la campagne, la pomme de terre a l’avantage de se cultiver assez facilement. Peu de terrain suffit, la plante est volontaire. Son rendement est acceptable.

À la ville, on transforme toute parcelle de terrain, de parc, de pelouse, en un carré de pommes de terre. Tous les parcs de Bruxelles sont convertis en jardins potagers (sauf le Parc Royal réservé à l’armée allemande).

La pomme de terre se négocie, s’échange et parfois même se vole. La punition est parfois très élevée, allant jusqu’à la mort !

Et le cadeau préféré d’une maîtresse de maison reste… un bouquet du précieux tubercule !

 

Recettes :

Gâteau de poisson et de pommes de terre

Ingrédients :

  • Restes de poissons (tous les poissons peuvent être utilisés – de mer comme d’eau douce)
  • ½ kg de pommes de terre
  • ¼ l de lait ou plus
  • 1 oeuf
  • 20 g de beurre
  • Épices à volonté

Préparation :

  • Hachez fin le poisson
  • Faites une purée de pommes de terres, épicez, ajoutez l’œuf et le beurre
  • Beurrer un plat à gratiner
  • Mettez une couche de purée, une couche de poisson et arrosez de lait ; finissez par une couche de pommes de terre.
  • Saupoudrez de chapelure, parsemez de beurre
  • Faites gratiner au four

Recette reprise le plus fidèlement possible de :

COMPÈRE, A., La pomme de terre (brochure de propagande patronnée par la Section Agricole), Bouillon, 1916.

 

Pommes de terre à la Lyonnaise

(pour 2000 demis rations fortes, recette militaire)

Ingrédients :

Il faut :

  • 600 kg de pommes de terre
  • 14 kg de lard, de saindoux ou de graisse d’économie
  • 10 kg de sel
  • 150 kg de bois
  • 40 kg d’oignons
  • 20 kg de carottes
  • 500 g de poivre
  • 500 g de papier sulfurisé

Préparation :

  • Il faut faire cuire les pommes de terre non pelées à l’eau salée, les égoutter, aussitôt cuites, les faire sécher quelques instants sur le feu.
  • Les éplucher les couper en morceaux carrés réguliers.
  • Puis les faire sauter la graisse, leur ajouter lorsqu’elles sont bien rissolées, les oignons rissolés à la graisse d’autre part.
  • Sauter le tout ensemble pendant quelques instants, assaisonner de sel et de poivre.
  • Il fait enfin mettre les pommes de terre brûlantes dans les formes habillées de papier, faire refroidir sous presse.
  • Sur place, il s’agira ensuite de désagréger les blocs et de les réchauffer dans les gamelles ou les plats de campagne.

Recette d’après :

Cette recette a été mise à la disposition des cuistots français par l’intendance militaire pendant le Première Guerre mondiale.

 

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